Encore une expulsion de personnes Roms qui avaient trouvé refuge sur des terrains vagues à l’ouest de l’agglomération nantaise. Concrètement cela représente environ 300 personnes dont une majorité d’enfants.
Pour toutes ces familles que l’on plonge encore un peu plus dans l’errance, faute de solutions pérennes, c’est de nouveau, leur fermer un avenir et les maintenir dans la grande précarité, en particulier : déscolarisation des enfants, actions de soins et de prévention mises à mal.
Pour l’Église Catholique, ces enfants, ces femmes, ces hommes qui se sentent « traitées comme des bêtes » selon leur expression, sont d’abord des personnes humaines qui ont droit au respect des droits fondamentaux de chacun : un toit, une éducation, un travail, des soins. Au travers de ces expulsions c’est la dignité humaine qui est bafouée. Dans chaque personne, quelle qu’elle soit, les chrétiens reconnaissent un frère, une sœur en humanité. Comment assurer une véritable paix sans justice à leur égard ?
Il est de la responsabilité de tous, pouvoirs politiques, citoyens, Église, de trouver et mettre en œuvre des solutions permettant à toutes ces familles de pouvoir envisager réellement un avenir. Avec les autres citoyens, les chrétiens doivent prendre leur part à ce travail ; certains l’ont déjà commencé, qu’ils soient encouragés à le poursuivre sans désespérer.
L’enjeu majeur pour chacun est de devoir mieux se connaître et se reconnaître afin de travailler en tout lieu à la construction d’une paix durable et d’un vivre ensemble plus harmonieux. L’exclusion et le rejet des uns sont une impasse pour tous.
Il est nécessaire aussi de souligner les expulsions de terrains qui ont eu lieu récemment à l’égard d’autres personnes stigmatisées que sont les Gens du Voyage. Sans doute, les réponses à apporter ne sont pas toutes les mêmes que celles destinées aux familles Roms, mais pour tous, une recherche exigeante de solutions pérennes doit s’envisager.
Le Pape François rappelle sans cesse la nécessité d’un changement de comportement dans notre rapport aux personnes désignées comme étrangères : « … un changement d’attitude envers les migrants et les réfugiés est nécessaire de la part de tous ; le passage d’une attitude de défense et de peur, de désintérêt ou de marginalisation – qui, en fin de compte, correspond à la « culture du rejet » – à une attitude qui ait comme base la « culture de la rencontre », seule capable de construire un monde plus juste et fraternel, un monde meilleur. Les moyens de communication, eux aussi, sont appelés à entrer dans cette « conversion des attitudes » et à favoriser ce changement de comportement envers les migrants et les réfugiés. » (100 ème journée mondiale du réfugié et du migrant)
Nantes, le 7 mai 2015
Délégués à la solidarité pour le diocèse de Nantes
Xavier BRUNIER et Jean-Claude COURAUD