Homélie - Messe des peuples 2016 - les noces de Cana, Jean 2, 1-11
« Il n’ont plus de vin ! »
Je crois qu’il faut vraiment essayer d’imaginer cette situation. On est au beau milieu de la noce, tous les invités sont là, la fête bat son plein. Et tout à coup, on se rend compte que l’une des composantes essentielles de la réussite de la fête vient à manquer : ils n’ont plus de vin. La fête est finie, la fête est ratée, gâchée… Peut-être pouvons-nous voir dans ce manque absolu un autre manque tout aussi radical. Ils n’ont plus rien. Nous avons tous en mémoire les images omniprésentes dans les médias, surtout depuis l’été dernier. Les images de ces réfugiés s’échouant sur les plages des iles grecques ou recueillis dans des embarcations d’infortune au large de Lampedusa. Ces images de réfugiés s’agglutinant aux frontières de l’Europe aux portes de la Hongrie, de l’Autriche ou de la Croatie. Ou encore des images de la jungle de Calais. Ils n’ont plus rien. Ils n’ont même pas où aller ! Ils n’ont pas de toit, pas de quoi manger, pas de quoi se faire soigner. Ils n’ont plus rien ! La situation de bien de migrants, de bien de réfugiés nous interpellent. Comme Marie est interpellée à ce repas de noces par ce manque crucial.
Tout ce qu’il vous dira faîtes-le !
Alors, Marie nous donne un conseil, une consigne. ‘Tout ce qu’il vous dira, faites-le.’ Tournons-nous vers le Christ, écoutons, accueillons sa parole et mettons-la en pratique. Nous avons la parole du Christ, nous avons l’évangile. Sans cesse, il faut y revenir, contempler le Christ dans sa façon d’accueillir, d’écouter, de ressentir au plus profond de lui-même combien il est touché, ému par tous les drames humains qu’il rencontre sur les routes de Palestine, de Galilée et même au-delà des frontières de son propre pays. Il nous faut le contempler dans la parole qu’il prononce, le geste qu’il accomplit pour guérir, consoler, relever, remettre debout, pardonner… Ce qu’il nous dit, c’est l’évangile de la miséricorde. Cette miséricorde, c’est à nous de la décliner, par notre façon d’accueillir, de construire la fraternité, de vivre de véritables solidarités, d’avoir un regard bienveillant envers toute personne, d’aimer tout simplement. Car s’il est un mot qui résume tout ce qu’il nous dit, c’est bien l’amour.
L’amour
Car c’est bien d’amour qu’il s’agit ici. Une noce. Un mariage, ce n’est pas sans amour. Mais qui est l’époux, qui est l’épouse ? Ne nous trompons pas, il ne s’agit pas ici du miracle de Jésus changeant l’eau en vin pour sauver une noce en panne. Il s’agit d’un signe, le signe que Jésus vient épouser l’humanité. Et il nous invite à un changement autrement plus radical que l’eau devenue vin. Il nous invite à nous débarrasser de nos rites de purification inutiles et inefficaces (les 6 jarres de pierre : six symbole de l’imperfection, la pierre, ici symbole de la sclérose) pour embrasser la religion de l’amour. Les noces de Cana annoncent quand l’heure sera venue, celles de l’alliance scellée dans le sang de l’agneau, le sang de celui qui va jusqu’au bout de l’amour, jusqu’à donner sa vie par amour. Le pape François disait : « Je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église propre s’accrochant à ses propres sécurités. »
Ils n’ont plus rien ! Face à toutes ces interpellations le Christ nous dit et nous montre ce qu’il faut faire ! Il ne nous demande pas d’être propres, mais d’aimer, de voir en toute homme, en toute femme, un frère, une sœur à aimer.